Le Beau Christ

9 août 2011

Suite à leur premier ouvrage, si profond et si nourrissant, Le Beau Christ de Luc (ed. du Cerf, coll. « Lire la Bible » n° 145, 2007, 240 p., 22,00 €), le Père Louis Barlet et Madame Chantal Guillermain ont publié en avril dernier : Le Beau Christ en Actes (ed. du Cerf, coll. « Lire la Bible » n° 171, avril 2011, 272 p., 22,00 €). Les deux auteurs sont bien connus des Avignonnais et surtout des générations de personnes qu’ils ont formés à l’exégèse.

On connaissait le beau Christ des psaumes, « Tu es beau, le plus beau des enfants des hommes  » (ps 45, 3), ou le Beau Pasteur de Jean, il nous manquait une lecture approfondie de Luc et de sa description du « bel agir » du Christ. Jésus ne nous a pas laissé seuls, Il continue à agir aujourd’hui, dans l’Église et en nous, grâce à l’Esprit Saint.
Leurs deux livres sont très riches. L’exégèse est profonde mais tout à fait abordable au non spécialiste. On remarquera à chaque fois, et appréciera, leurs trois « portes d’entrées » de l’Évangile et des Actes. Ce qui, en particulier dans l’Évangile de Luc, leur permet de présenter Jésus autrement que par une lecture continue du texte, de relier ainsi des passages généralement séparés et ainsi d’intéresser fortement le lecteur.
Aussi, suite à la lecture du Beau Christ de Luc, pouvons-nous dire avec les auteurs : Oui vraiment il est beau le Christ quand il pardonne, quand il donne la foi, quand il évangélise en nous ou quand il nous explicite notre situation.
Ainsi le pouvoir du pardon du Christ sur la Croix qui renverse le cours de l’histoire et touche en premier lieu le « bon larron », signe de l’amour du Père : « Or ici plus que jamais, Jésus s’est engagé dans la condition humaine, dans la fraternité : il est un condamné à mort qui va mourir : et il vient de signifier, en pardonnant, que rien ne peut faire qu’il cesse d’être le frère des hommes, leur racheteur ou rédempteur et cela même quand ils le tuent ! Outre cela, il prie ; plus explicitement qu’au Jourdain de son baptême ; plus explicitement que sur le mont de sa Transfiguration. Le voilà devant Dieu comme le frère des hommes, et leur avocat. Et cette fois le Ciel serait sourd ? Il ne répondrait ni à la prière du Fils, ni à son suprême engagement fraternel ? Si, il répond. Mais c’est par le deuxième compagnon de croix que le Père parle à son Fils. Au baptême, le Père s’était fait entendre. A la Transfiguration aussi et il avait conclu en disant de Jésus : « Ecoutez-le ». Depuis lors, il s’était tu. Mais ici il remplit de lumière le cœur de ce condamné pour qu’il comprenne le « Père, pardonne-leur », pour qu’il sache, le premier, que Jésus est Sauvé et Sauveur et qu’il lui demande : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton royaume » » (p.96).
La Visitation permet aux auteurs de magnifiques passages sur l’évangélisation : « Il n’est pas trop tôt en effet pour parler d’évangélisation à propos de la salutation de Marie. Car la Bonne Parole qu’elle a dite en entrant –en termes de joie ou de paix- n’est pas séparable de la Bonne Nouvelle qu’elle vient de recevoir. Elle en est l’écho, et la suite. Ainsi Marie, aussitôt évangélisée, est devenue évangélisatrice ; au sens fort, puisque, en sa personne c’est le Seigneur qui vient et qui accomplit son œuvre de salut. » (p. 122).
De même le très beau chapitre consacré au centurion de Capharnaüm, dont cet extrait consacré à la foi : « La foi c’est la confiance qui permet toutes les audaces : audace du paralytique qui troue le toit ; de la pécheresse qui s’approche au plus près de Jésus, de l’hémorroïsse qui le touche. La foi est aussi une connaissance profonde de Jésus, de ce qu’il est, de ce qu’il peut et veut faire ; ici Jésus est considéré par le centurion comme celui qui, malgré la distance infinie qui existe entre l’homme et lui, donne à qui demande, guérison ou salut. Jésus est Celui qui donne sans mesure et fait du bien sans attendre de retour à celui qui n’a aucun mérite » (p. 137).
Ou enfin à propos des pèlerins d’Emmaüs, un des passages assurément préféré des auteurs avec le fils prodigue et le Bon samaritain : « Mais nous, nous le savons ; pourquoi Luc a-t-il mis à notre disposition ce savoir ? Pour que nous voyions le récit refléter notre propre histoire ! « Lecteur, à toi de découvrir que cette scène est un miroir pour toi ; il te renvoie ton image ; celle de ta situation par rapport au Ressuscité. » Quelle est cette situation ? » (p. 153). Il faut lire l’ouvrage pour le découvrir !
Leur deuxième livre est tout aussi passionnant et nourrira la foi des catéchistes. Suite à la Pentecôte, nous avons la présentation d’Etienne qui dès le début des Actes des Apôtres manifeste clairement « ce que le Ressuscité peut faire : mettre au présent en ses disciples sa vie et même sa mort. Assurément, il ne s’est pas retiré dans ses quartiers célestes. » (p.53).
Telle est la thèse principale de Louis Barlet et de Chantal Guillermain et ils vont la développer de multiples façons. Toute la vie de Saint Paul, que nous suivons pas à pas, en commençant par sa conversion en est l’illustration. Paul est lié à l’Esprit Saint d’une façon si exemplaire que ce n’est plus lui vit, mais le Christ. Philippe, Saint Pierre visitant Corneille et sa famille… : c’est toujours l’Esprit Saint qui est à l’œuvre et de façon prodigieuse et le kérygme, au milieu de tous les dangers, est annoncé victorieusement.
Bref, comme le remarquent si bien les auteurs, Luc adresse son Evangile comme ses Actes à « son cher Théophile », or, cet ami de Dieu, c’est nous.