Les saints innocents

11 janvier 2019

Chaque génération connaîtra son pharaon. Il en fut un du temps de Moïse, Nabuchodonosor du temps de l’Exil, Hérode à la naissance de Jésus, … aujourd’hui quel est donc ce pharaon qui nous opprime et tue nos jeunes ? Il est fondamental de le savoir, pour ne pas se tromper d’ennemi.

Chaque génération connaîtra son pharaon, car «  en chaque génération on doit se regarder soi-même comme sorti d’Égypte   » (Ex 13,8).
Quel est donc ce pharaon qui nous opprime et tue nos jeunes  ? Il est fondamental de le savoir, pour combattre la bonne bataille.

La réponse réside dans ces idéologies mortifères défendues par des «  experts  » sans visage (à l’ONU, au Conseil de l’Europe, par nos politiques ou nos médias) qui nous impose notre bien, à nos corps défendants, qui détruisent nos démocraties sous couvert de technicité et de mondialisation, qui éduquent nos jeunes pour mieux les détruire : du droit absolu à l’avortement, au «  mariage pour tous  », en passant par la pma pour toutes, le gender, sans oublier bien sûr l’inédite idéologie du transhumanisme.
Autant de nouveaux dogmes absolus qui n’acceptent aucune contradiction et qui visent à détruire nos âmes et notre civilisation. Combien de morts  ? Au-delà de l’horreur des bébés congelés ou tués dans le ventre de leur propre mère, combien de suicide commis, de couples détruits  ? Sait-on jusqu’à quel point la solitude assassine-t-elle  ? Car, on est extrêmement seul quand on refuse même la nature humaine pour décider qui on est. Combien de sang innocent versé… Quelle meilleure solution pour résoudre le problème de la faim dans le monde que d’éliminer les pauvres  ? «  L’argent tue  » aime à répéter le pape François. «  C’est Rachel qui pleure à cause de ses fils  ; elle refuse d’être consolée, parce qu’ils ne sont plus  » (Jérémie 31, 15).

De fait, derrière ce qui pourrait sembler des idéologies multiformes, c’est bien une même représentation de la réalité qui s’impose : la haine de l’homme et de la nature. Une vision idéelle de l’homme, de la supériorité de l’esprit sur le corps. Dans sa grande sagesse, Blaise Pascal savait déjà que «  L’homme n’est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête   ». Nous en sommes bien là. Une haine de l’homme réel, de l’homme naturel, de l’homme corps et âme, de l’homme mortel, de la fragilité de la vie mais aussi de sa merveilleuse beauté.

Le Christ, l’Innocent par excellence, est venu nous libérer de cet esclavage, tout comme YW est intervenu en Egypte ou à Babylone. Il est plus fort que toutes ces idéologies, Il défendra nos jeunes assoiffés de liberté et leur donnera la vie, la vraie. Car seule la vérité rend libre. Mais les chrétiens ont un combat à mener, déjà gagné, ils seront ces saints innocents qui vaincront l’ennemi en donnant leur vie, comme l’Agneau égorgé... victorieux.

«  Connais ton ennemi et connais–toi toi–même, tu vaincras cent fois sans péril   ». Le proverbe chinois dit vrai. «  Reconnais, ô chrétien, ta dignité  !   » (St Léon le Grand), venons-nous de chanter à Noël. Voilà pour la connaissance de nous-même : l’inaliénable dignité de l’homme. "Transcendantale dignité" a scandé le pape devant le Parlement de Strasbourg. Quant à l’adversaire à éliminer, rien de mieux que de lire ou relire les deux livres suivants, pour mieux le connaitre. L’un vient de sortir, l’autre est une réédition.

Le premier nous campe une analyse excellente de ces idéologies qui asservissent et exigent d’ordonner le monde de demain : Les droits de l’homme dénaturé de Gregor Puppinck (Cerf, nov. 2018, 304 p., 22,00€). Ecrit par un juriste expert de la Cour européenne des droits de l’homme, régulièrement appelé par le Saint Siège, l’auteur connait parfaitement la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dont nous venons de fêter les 70 ans, et la Convention Européenne des Droits de l’Homme, leurs travaux préparatoires ainsi que leur mise en oeuvre. Et il craint pour l’avenir de nos démocraties.

Le second est une oeuvre prophétique : «  On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure   ». Une phrase sans appel de George Bernanos tirée de son ouvrage La France contre les robots, qui dénonçait dès 1947, la dictature de l’argent couplée avec celle de la technique (Le Castor Astral, rééd. avril 2015, 247 pages, 18 €).