L’Interprétation de la Bible dans l’Église

2004

Commission Biblique Pontificale, Cerf, 2e édition 1999, 134 p., 8,40 €

Avec l’Allocution de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II (que l’on trouvera aussi dans la documentation officielle du Saint-Siège : Discours à la Commission biblique pontificale, 23 avril 1993, AAS 86 [l994], pp. 232-243), une préface du Cardinal Joseph Ratzinger et l’introduction de Jean-Luc Vesco o.p. C’est le document de référence des catholiques qui lisent la Bible, indispensable et passionnant.

L’ouvrage présente en détail les différentes méthodes d’interprétation des Ecritures en expliquant les apports et les limites de chacune : approche historico-critique littéraire (rhétorique, narrative, sémiotique), renvoi à la tradition (canonique, juive), utilisation des sciences humaines (sociologie, anthropologie, psychanalyse), lectures contextuelles (libération, féminisme) et fondamentalisme.

Voici un court extrait de l’allocution du Saint Père du 23 avril 1993 exposant les traits essentiels de ce document de la Commission biblique pontificale : “Un autre trait caractéristique de cette synthèse est son équilibre et sa modération. (…). L’exégèse catholique n’attache pas son attention aux seuls aspects humains de la révélation biblique, ce qui est parfois le tort de la méthode historico-critique, ni aux seuls aspects divins, comme le veut le fondamentalisme ; elle s’efforce de mettre en lumière les uns et les autres, unis dans la divine “condescendance” (Dei Verbum, 13), qui est à la base de toute l’Écriture (§. 14). Dans un monde où la recherche scientifique prend plus d’importance en de nombreux domaines, il est indispensable que la science exégétique se situe à un niveau comparable. C’est un des aspects de l’inculturation de la foi qui fait partie de la mission de l’Église, en lien avec l’accueil du mystère de l’Incarnation (§. 16)”

Mais laissons le soin au Cardinal Ch. Schönborn, lui-même, de nous résumer les points les plus saillants de cette allocution majeure du Saint Père. Dans son allocution, le Pape, comme ses prédécesseurs, approuve, et même juge indispensable l’étude scientifique de la Bible. “L’exégèse doit être ouverte à tous les champs de recherches qui peuvent éclairer les conditions historiques du texte biblique. (…) Toutefois Jean Paul II souligne (aussi) que l’exégèse catholique doit être attentive à ne pas s’en tenir aux seuls aspects humains des textes bibliques, mais à tenir compte aussi de l’élément divin dans l’Ecriture sainte. Par analogie au mystère de Dieu fait homme, la sainte Ecriture est la Parole de Dieu dans les paroles humaines. Autrement dit, selon le pape, l’exégèse catholique doit “aussi et surtout aider le peuple chrétien à percevoir plus nettement dans ces textes la parole de Dieu” (§. 9), et s’appuyant sur saint Augustin, il s’exclame : “Priez pour comprendre !”. L’exégèse catholique suppose donc un élan de vie spirituelle
Mais elle suppose aussi “la fidélité à l’Eglise” (§. 10). Jean-Paul II insiste sur la nécessité de lire la Bible au sein de la communauté des croyants. “Etre fidèle à l’Eglise, cela signifie, en effet, se situer résolument dans le courant de la grande Tradition qui, sous la conduite du Magistère, assuré d’une assistance spéciale de l’Esprit Saint, a reconnu les écrits canoniques comme paroles adressées par Dieu à son peuple (…)” (ibid.). La sainte Ecriture n’existe pas sans l’Eglise. L’utilisation scripturaire fut inspirée dans tout le catéchisme par une règle d’or : présenter une lecture de l’Ecriture au sein de la Tradition, sans négliger l’exégèse critique ni ses acquis les plus solides et les plus sains.
” (Christoph Schönborn, Introduction au catéchisme de l’Eglise catholique, 1995, Cerf, pp. 46-47).